Vingt-cinq logements sociaux et une crèche associative

rue Mousset-Robert (Paris 12e)

 Maîtrise d’ouvrage RIVP
Maîtrise d’œuvre Belus & Hénocq Architectes – Mission de base
Programme 25 logements sociaux et une crèche associative
Surface 1802 m² de SP Logements et 466 m² de SP Crèche  – Coût 4.7 M€ – Calendrier Concours 2016
Label / Performances Respect du Plan climat parisien, Bepos Effinergie conception bioclimatique et bas carbone, recherche de compacité optimum, optimisation des apports passifs, matériaux durables, isolation extérieure, réseau de chaleur urbain, toiture jardin – Crédits images © studiosezz

La rue Mousset-Robert comme d’autres rues du quartier est composée de bâtiments de différentes factures et époques, tout en rupture d’échelle et retrait. Le chapelet de bâtiments à l’alignement promis à la démolition rivalise avec des R+10 et 12 en retrait. Cette disparité sympathique est soulignée en fond de perspective vers l’ouest par la topographie qui accompagne le boulevard de Picpus. La parcelle constructible s’étire sur plus de 60 m. Orientée plein-sud et sans vis-à-vis, le front bâti marque le passage du faubourg au gabarit haussmannien. Afin de profiter au mieux de cette situation exceptionnelle, le projet investit tout le linéaire disponible sur rue et s’applique à faire le lien avec les cours existantes sur les parcelles mitoyennes. Chacune des cours ainsi créée à l’arrière mesure plus de 10 m par 6 de large et garantit les meilleures conditions d’habitabilité sur l’ensemble de l’îlot. Cette politesse faite aux voisins permet de dégager pour partie le futur gymnase en mettant en valeur toutes les qualités de son mur mitoyen. Le plan de masse traduit la volonté de mettre en valeur le caractère traversant et multi-orienté des logements entre rue et cours ainsi que d’une cour à l’autre. Il souligne l’exceptionnelle horizontalité de ce linéaire de 60m par une organisation tripartite : un niveau en attique, deux d’étages courants et un socle à RDC qui suit le dénivelé suivant trois niveaux de planchers.

Distribution et superposition des fonctions

La distribution de l’entité logement se résume à trois noyaux de circulation verticale pour limiter les impacts dans la future crèche. L’organisation du RDC est fondée sur une partition claire entre logements et ERP. Les espaces dévolus à la crèche sont implantés en mitoyenneté avec l’Hôtel dans un rapport de proximité directe avec l’avenue du Docteur Arnold Netter. De l’autre côté, les logements du RDC sont implantés en mitoyenneté avec le n°20 et isolés de la crèche par une cour plantée à l’arrière et par un porche dédié à la distribution des logements. Il donne accès à deux cages d’escalier et aux locaux communs résidentiels mutualisés pour une meilleure optimisation des surfaces. C’est également le lieu du stationnement des vélos, à l’air libre, pour l’ensemble de l’opération. Les poussettes disposent de locaux spécifiques dans les halls. Depuis la rue le porche donne à voir la profondeur de la parcelle et la richesse de l’opération en révélant, dans un appel de lumière, la façade en moellon du futur gymnase au fond de la cour plantée. La troisième cage d’escalier, représente la seule incursion au cœur du local prévu pour l’aménagement de l’ERP. La desserte de la crèche sera assurée en toute indépendance, à la mitoyenneté avec l’hôtel afin d’affirmer un peu plus la proximité avec l’avenue Arnold Netter.

Un toit habité comme un jardin de Babylone

Paré de bois, le volume de toiture est sculpté de manière à offrir la meilleure habitabilité du dernier niveau. Le retrait défini par le gabarit permet la création de terrasse de 3.5m de profondeur. Il alterne avec des volumes en saillie qui rythment l’attique. En retrait de l’alignement, les logements qui l’occupent sont conçus comme des maisons sur le toit organisés autour de vastes terrasses équipées de jardinières. Leur morphologie particulière annonce la présence d’un jardin partagé en couronnement.

Plutôt qu’une simple végétalisation, nous proposons de confier l’usage de la toiture aux résidents en la rendant accessible depuis le R+3 par un escalier extérieur.

C’est une toiture «  à voir et à manger » qui se dessine ici :

– à voir, depuis les bâtiments alentours qui s’élèvent pour certains entre R+7 et R+12;

– à manger, car nous proposons des carrés cultivables partagés par les locataires où le compostage prend tout son sens. Cette proposition rejoint la politique volontariste de la ville de Paris pour un développement véritablement durable où rétention d’eau pluviale, inertie thermique, biodiversité, riment avec agriculture urbaine et lien social.

Un socle tout en transparence

Nous avons travaillé un RDC tout en transparences et ouvertures pour éviter l’enfermement des cours situées sur l’arrière de la parcelle et offrir aux passants le secret de ces arrières qui font beaucoup au charme de Paris.

La crèche permet de lire toute la profondeur de la parcelle depuis la rue vers les cours mais également à l’arrière, de cour à cour, au travers d’éléments de programme peu cloisonnés (salle de motricité). Elle bénéficie de 6 façades et d’orientations vers les 4 points cardinaux pour une luminosité maximum.

Un bâtiment sans ascenseur

Le bâtiment s’élève sur 3 niveaux sur RDC, sans ascenseur. De fait, le parcours de la rue au logement revêt une importance particulière. Les escaliers (très empruntés), sont donc éclairés naturellement. Disposés à l’ombre des balcons/jardins d’hiver des logements, et clos de parois de pavés de verre, ils permettent également l’éclairement des paliers en second jour. L’escalier situé en mitoyenneté donne accès au toit jardiné pour l’ensemble des locataires. Une trémie de 20cm par rapport à l’encombrement de l’escalier et des châssis pare flamme vitrés au RDC et 3eme étage en plus des châssis de désenfumage assurent là encore l’éclairement naturel de cet escalier.

Des logements systématiquement traversants

L’expression du caractère traversant est systématiquement recherchée dans l’organisation spatiale des logements. Dans les appartements sur rue, les cuisines sont systématiquement dans la continuité des séjours pour assurer le traversant nord/Sud entre rue et cour. Dans les T3 à l’arrière de la parcelle le traversant Est/ouest est assuré par l’enchaînement séjour/chambre. Un effort particulier a été mené pour limiter l’impact des logements dans le volume de l’ERP au RDC. Pour chaque appartement, les pièces d’eau sont systématiquement regroupées autour d’une seule gaine et le projet s’applique à optimiser l’empilement des typologies. Les circulations sont minimisées par la distribution des chambres et espaces sanitaires sur l’entrée.

Véritable plus-value du projet, tous les logements de trois pièces et plus profitent d’un prolongement extérieur. Sur 25 logements seuls trois en sont dépourvus. Les prolongements extérieurs sont pensés suivant les niveaux et orientations :

– Côté rue ils s’expriment en façade comme des bow-windows avec leur saillie et leurs panneaux vitrés escamotables. Loggia d’été /jardin d’hiver, ils occupent un rôle central dans la vie du logement et améliore la thermique en toute saison. Ce dispositif permet par ailleurs de mettre à distance de la rue le logement du RDC.

– Côté cour, ils prennent la forme de balcon à l’ouest et sont équipés de panneaux vitrés opalescents coulissants pour garantir l’intimité des logements.

– Le retrait dû au gabarit réglementaire permet l’aménagement, pour les logements du R+3 de vastes terrasses équipées de stores banne.

Construire autrement

La grande horizontalité et la faible hauteur du bâti sont très favorables à la préfabrication et à un recours massif aux filières sèches. Nous proposons donc de limiter l’usage du béton aux noyaux de circulations, dès le R+1, étage à partir duquel, l’usage du bois sera généralisé (façades et planchers). Pour aller plus loin dans la démarche, nous avons privilégiés des matériaux d’isolations éthiques comme les isolants textiles de type Metis proposés par Emmaus.

Le mode constructif sera mis en valeur jusque dans les sous-faces des planchers porteurs laissées apparentes. La préfabrication en atelier sera poussée à l’extrême pour assurer un clos couvert rapide et faire du chantier un évènement. L’épaisseur de façade qui permet de tempérer le logement sera souligné en façade sud par le contraste entre la céramique émaillée soumise aux intempéries et les intérieurs de loggias en bardage bois