Siège de la chambre d’agriculture des Vosges et de l’agence O.N.F. Vosges Ouest

site de la Colombière (Epinal, 88)

 Maîtrise d’ouvrage CA 88/ O.N.F.
Maîtrise d’œuvre Belus & Hénocq : architectes mandataires / Teckicéa : structure bois /  BMF: économie de la construction / Franck Boutté consultants : stratégies environnementales – Mission de base
Programme pôle de bureaux pour la CA88, l’ONF, la Safer, UDOTSI,  la confédération paysanne et solidarité paysanne
Surface 3261 m² SU – Coût 4.9 M€ – Calendrier Concours février 2017
Label / Performances conception bioclimatique et bas carbone, recherche de compacité ,optimisation des apports passifs, matériaux durables, façade 100% bois local, réseau de chaleur sur chaufferie collective bois – Crédits images © Jean-Loup Baldacci

A l’entrée Est d’Epinal, le quartier de la Colombière s’inscrit dans la pente d’un paysage de coteau. Les cinquante dernières années ont vu le site se transformer, au gré des besoins, par des aménagements autonomes sans recherche de cohérence à l’échelle du site. Dans ce contexte, le bâtiment actuel de la Chambre d’agriculture en belvédère sur la rue fait figure de repère. Il porte pourtant une grande responsabilité dans les bouleversements du site de la Colombière. Sa construction et l’aménagement de sa voie de desserte ont imposé avec violence leur logique, taillant dans la masse pour contrarier la nature du terrain. Pour autant les stigmates de ces aménagements sont autant d’éléments avec lesquels il convient de travailler.

Au-delà du programme, l’enjeu consistait à trouver une nouvelle cohérence à l’échelle du site.  Notre approche se fonde sur un recensement précis des structures existantes (limites, soutènements, trames végétales, belvédères…) et un travail d’analyse des nivellements pour identifier les lignes de forces capables d’accompagner la restructuration du site. L’hypothèse d’une réhabilitation ou d’une reconstruction sur lui-même du bâtiment existant paraissait une idée séduisante à bien des égards mais les incertitudes techniques, les exigences d’économie et les délais ont condamnés cette orientation. Pour autant, si la superstructure en métal paraissait difficile à sauver, rien ne justifiait la démolition du socle : son insertion dans le coteau participe à révéler la topographie et met en scène le futur bâtiment dans le paysage. Dans un premier temps, nous proposions d’y aménager le parking couvert et les 160m² de  d’archives mortes dédiées à la chambre d’agriculture. Par ailleurs, le socle reprenant trois niveaux de bureaux est parfaitement compatible avec les charges d’exploitation d’un parking véhicules légers de 50 places demandé dans le programme. Accessible très tôt depuis la rue et étoffé d’une sortie complémentaire, il permet de limiter le trafic à l’intérieur du site. Le reste des stationnements, réparti par poche sur le site sera contenu le long des voiries pour limiter les surfaces carrossable. L’offre totale répond largement aux exigences du PLU.

Sur l’arrière du terrain, le projet de bureaux est implanté dans la zone définie au programme. Sa conception est guidée par des exigences fortes de délais d’exécution, d’économie et de performances énergétiques. Elle se traduit par un bâtiment simple et compact de 19m d’épaisseur par 54 m de long. Depuis l’extérieur, le jeu des volumes exprime l’organisation intérieure et la présence des différentes entités : à l’Est, on distingue, les locaux de l’ONF sur trois niveaux tandis qu’à l’Ouest, le volume de la Chambre d’agriculture se pose sur un socle  de locaux mutualisés en façade Sud.

L’articulation s’exprime par un pincement au centre du bâtiment qui marque l’entrée depuis les deux rues qui permet d’offrir pour chaque entité vues et lumière naturelle dans les circulations d’étages.

L’escalier et les paliers de distribution communs profitent également de ce pincement pour être baignés de lumière naturelle. Entre le socle conservé et le nouveau bâtiment, l’ancienne voie de desserte est redressée. Elle rejoint en douceur, la voie existante en façade sud du château pour former un parvis plein sud pour les deux bâtiments. Depuis la rue André Vitu, cette composition s’affirme dans le paysage comme une nouvelle ligne de référence et contribue (avec les murs de soutènements en grès, la conservation du socle de l’ancien bâtiment et le stade en arrière-plan) à la recomposition du site.

Pour satisfaire les objectifs de la co-maîtrise d’ouvrage, nous proposons un volume et une organisation simple dans laquelle chaque partie est traitée équitablement. Au centre du bâtiment un noyau de circulations verticales articule l’ensemble du programme. Chacun dispose de son autonomie et de son propre système de circulation. Si l’écriture des façades est unitaire, la composition se charge d’exprimer clairement l’organisation intérieure et la présence de chaque entité.

Le projet est servi par des choix constructifs simples et réputés pour leur efficacité. Le mode constructif s’est arrêté sur une solution mixte bois/béton pour garantir aux maîtres d’ouvrage la meilleure équation prix-qualité-performance. Cette association garantira de bonnes performances thermiques en associant inertie et isolation thermique performante. Le dispositif sera renforcé par la présence à chaque fenêtre de stores extérieurs, véritables outils de régulation des apports solaires.

Les différents arbitrages se sont concentrés sur la qualité de l’enveloppe conçue intégralement à partir de bois et de filière locale pour équiper le nouveau bâtiment d’une façade 100% bois des Vosges.

Cette décision de projet permettra au bâtiment et à ses occupants d’assumer avec fierté ce rôle de vitrine pour les filières et savoir-faire locaux depuis la rue André Vitu ainsi que dans le grand paysage.